Une vague, un sourire

C’est à Saint-Leu que s’est tenue la deuxième édition de la Journée Handi-Surf, organisée par le Titan Surf Club avec le soutien de la Ligue Réunionnaise de Surf. Une trentaine de participants, venus des quatre coins de l’île, ont découvert pour la première fois les sensations de la glisse, dans un cadre à la fois ludique, bienveillant et sécurisé. 

Le surf n’est pas toujours perçu comme une discipline accessible. Entre l’image d’un sport exigeant et la réalité des conditions en mer, beaucoup pensent qu’il reste réservé à quelques initiés. Mais sur le spot de Saint-Leu, l’ambiance prouvait l’inverse : rires, encouragements, bénévoles attentifs, familles surprises de voir leurs proches à l’eau. 

Charline, présidente du Titan Surf Club raconte : 

« Ça fait déjà des années que je travaille avec des personnes en situation de handicap. L’idée d’aujourd’hui, c’était de promouvoir l’inclusion par le surf, que ce sport soit vraiment accessible à tous. » 

La journée a aussi une portée symbolique. Pour la commune de Saint-Leu, c’était une première : 

« C’est la première journée Handi Surf pour la commune de Saint-Leu. On avait un protocole qui ne nous permettait pas d’organiser une journée comme celle-ci. Aujourd’hui, on a pu le faire et c’est une vraie satisfaction. » 

Si le surf est au cœur de l’événement, la sécurité est tout aussi centrale. L’association RESSAC s’assure de la surveillance du plan d’eau et reste prête à intervenir en cas d’incident ou de présence de requin. Jet-skis, sauveteurs et bénévoles forment une chaîne solide pour rassurer et protéger les participants. 

« Le grand travail aujourd’hui est de mettre en place des brigades de surveillance sur le spot de Saint-Leu, qui se compose de deux vagues : une vague école, appelée la Passe, et une vague performante, la Gauche. Le dispositif consiste à mettre autour des surfeurs et des activités nautiques voisines des jet-skis avec des sauveteurs, de manière à intervenir le plus rapidement possible sur un accident ou une alerte. » 

Dans l’eau, la scène est forte : des groupes de six ou sept participants, accompagnés par les bénévoles qui veillent à chaque geste, chaque chute, chaque sourire. 

« Souvent, les gens ne savent pas tous nager. Certains sont à l’aise dans l’eau, d’autres non. On a fait une chaîne pour éviter tout moment de panique et proposer une expérience en toute sécurité. » 

Pour certains, cette découverte relevait presque de l’inattendu. Quentin, infirmier, accompagnait deux résidents de sa structure. 

« J’accompagne Luciano et Renaud. Ils n’avaient jamais eu l’occasion de pratiquer le surf. Luciano, notamment, ne connaissait pas du tout. Quand je lui ai expliqué, il n’avait pas trop d’appréhension, juste la curiosité et l’envie de découvrir. Les bénévoles et organisateurs l’ont rassuré et il a pu profiter de la session. » 

Les profils étaient variés : jeunes avec troubles autistiques, handicaps moteurs, déficiences intellectuelles, malentendance… Chaque situation avait été préparée en amont avec soin. Le résultat : des visages éclairés par l’adrénaline et la fierté, des encadrants touchés par la sincérité de l’expérience partagée. 

« Quand on les fait surfer, tu peux vraiment ressentir ce que toi t’as dû connaître à ta première vague. C’est un bonheur de partager notre passion et de recevoir ce retour sincère. » 

Mais l’enjeu dépasse la journée elle-même. Les organisateurs envisagent déjà la suite : proposer des sessions régulières de surf adapté, pour que la découverte devienne une habitude et que la mer s’ouvre durablement à tous. 

« L’idée, c’est de développer des sessions les mercredis, pour que tout le monde puisse venir surfer. On veut travailler sur l’insertion, faire surfer les gens éloignés de la discipline, dans les hauts, le sud, le nord, l’est… Le but, c’est qu’il y ait une vraie inclusion, que ce soit pour les personnes en situation de handicap ou pour celles qui n’ont jamais eu accès à la mer. » 

À Saint-Leu, cette deuxième édition a montré que le surf peut être bien plus qu’un sport. Il peut être un outil d’émancipation, un espace de rencontre et surtout, un vecteur d’inclusion. Sur les vagues, le handicap s’efface, et ce qu’il reste, c’est le sourire franc de quelqu’un qui prend sa première vague. 

Article : Yaya

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